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Message par Grand-Pontife Turmwächter Mar 31 Mai 2016 - 21:15


L'Histoire Syiste, Histoire officielle de la Très Sainte Église Syiste, Eudémoniste, Philosophique et Gallicienne
par
Monseigneur l'Épiscope Léon GRANDIEU-SEMPIERRE





Préface




Lors de mon enfance puis de mes études au séminaire, j'ai souvent entendu parler de Sevan, Saint Homme à l'origine de notre Pensée Syiste, et restant énigmatique.

De toutes les histoires que j'ai entendues sur lui, j'ai remarqué certains discours contradictoires. De mes premières lectures à son sujet, j'ai remarqué des vides, des blancs, et de nouveau ces contradictions.
Comme vous le savez sûrement, les Saintes Notes, écrits attribués à Sevan, sont la base du syisme mais cependant, peu d'entre elles nous sont parvenues directement. Nous les connaissons pour la plupart via les Notes Discipuliannes qui elles, nous sont parvenues, parfois corrompues, mais de façon plus importantes.
Devant, comme tout aspirant prêtre, présenter une étude approfondie sur un sujet de religion, j'ai décidé, de me consacrer à ces incohérences et de rendre un mémoire sur ce thème. C'est de ce travail, la première réelle recherche de ma vie, qu'est née cette passion pour Sevan et l'envie de comprendre les origines de notre Église.
Cette étude s'est, au fil du temps, étoffée et a pris l'ampleur que nous lui connaissons aujourd'hui. De mon côté, j'ai gravi les étapes de la hiérarchie séculière et lorsque, encore jeune prêtre, j'ai fait parvenir le fruit de mes recherches à l'Archevêque d'alors, mon estimé et regretté maître de séminaire, Monseigneur Sester Patrotaud, j'ai été étonné et honoré d'être convié quelques semaines plus tard à un conclave exceptionnel qui a consacré mon travail comme historiographie officielle de notre Très Sainte Église Syiste.
Je venais d'être chargé, pour le restant de mes jours, d'une mission : celle de compléter mes travaux à chacun de mes moments de loisirs, évidemment laborieux.

Sur les Terres de Gallice pour la première fois depuis mon séminaire, j'ai reçu l'autorisation du Pape Alambicé III, de consulter les Saintes Notes originales conservées très pieusement dans les archives du Palais épiscopal de Gallice. De cette consultation mon admiration pour le Saint Homme et mon envie d'en découvrir toujours plus sur le Syisme ont cru à un point inimaginable et ce n'est qu'en passant mes nuits et mes jours à cette tâche que j'ai pu faire avancer ma connaissance et avec elle celle de l'Église sur ce sujet.
Mes travaux ont donc avancé rapidement, et certain vide des notes ont pu être reconstitués. D'autres, au cours d'une fouille sur le site supposé des reliques de Saint Cheldres, ont été retrouvées en bon état et ont pu éclairer nombre de mes précédentes recherches.

Ce livre, que je vous présente aujourd'hui est la 7e édition de L'Histoire Syiste, Histoire officielle de la Très Sainte Église Syiste, Eudémoniste, Philosophique et Gallicienne. Cet ouvrage est une œuvre officielle, reconnue par les canons de l'Église.
Depuis la première édition, les informations se sont démultipliées et l'œuvre que je laisse entre vos mains est aujourd'hui bien plus complète qu'il y a dix ans. Cette édition, tout comme les deux précédentes, voit donc une division en deux parties et cinq volumes.
Je vous souhaite donc une bonne découverte de l'Histoire Syiste et de la Vie du Saint Homme et de ses successeurs. N'hésitez pas à revenir sur vos pas pour revoir des points qui vous paraissent obscurs et savourez chaque renseignement comme tout syiste ou tout découvreur que vous êtes.

Je continue, pour ma part, ma mission première, toujours la même : compléter inlassablement mes travaux.

À Facilitae, Skotinos, le 12 mai 3005
Mgr l’Épiscope Léon Grandieu-Sempierre


Dernière édition par Hans Turmwächter le Mar 5 Juil 2016 - 5:03, édité 1 fois
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Message par Grand-Pontife Turmwächter Mer 1 Juin 2016 - 22:34


Archimeïde d'Euphylèmne, Récits, Écrits III, 1-2 a écrit:
« Un cycle et demi avant l'ère Sevaniste. »
Archimeïde d'Euphylèmne, Récits, Écrits III, 1-2.

Au Commencement était l'écume, le remous, qui portait dans chacune de ses vagues un même sentiment, une même lassitude, un même espoir : l'abandon du passé, de l'hypocrisie et du mensonge. Un pas, puis deux, puis quatre, puis sept, dix et c'était bientôt des centaines d'hommes et de femmes qui s'aventuraient sans autre bagage que leur rage de survivre même sur cette terre lointaine, inconnue de leur ancienne civilisation, méconnue du monde actuel et qui marquera à toujours la genèse de Notre Église : les Terres de Gallice.
Aucune source n'arrive à identifier précisément la volonté profonde des Syus, car tel était le nom qu'ils se donnaient, lorsqu'ils entamèrent la découverte et la colonisation des Terres de Gallice. Pour tout dire, nos connaissances sur ce peuple sont assez limitées et il serait hasardeux d'avancer telle ou telle théorie sur leur mode de vie ou leurs croyances, si ce n'est en se basant sur les informations rapportées par leurs contemporains. Quelques vestiges archéologiques portent toutefois à croire qu'ils pratiquaient des rites des plus païens fondés sur la « Nature ». Certains textes syus rapportent une vénération d'arbustes, de cailloux et de poussière et les autels retrouvés, souvent détruits, représentaient presque toujours des feuilles et autres motifs floraux et végétaux.

De son côté, les Récits écrits par Archimeïde d’Euphylèmne dressent un portrait peu glorieux du passé de son peuple qu'il décrit comme brutal et dévastateur. Celui-ci voit dans les actes des chasseurs et des bûcherons une agression perpétuelle contre leur environnement. Nous pouvons nuancer ses propos par l'étude de plusieurs historiens, dont certains de ses contemporains, qui décrivent les conditions de vie – et de survie – du peuple Syu, nommé pour plus de clarté, peuple Syiste Ante Sevan (d'où les abréviations AS pour les dates correspondant à cette époque). Pour ces derniers, il est inévitable que l'installation d'un peuple dans « un milieu inconnu et donc hostile »  s'accompagne de destructions et de violences.
Nous pouvons donc voir la brutalité et la violence décrites et décriées par Archimeïde d'Euphylèmne comme une expression de l'installation rapide de ce peuple qui entraîna donc, comme le notent aussi les historiens, d'importantes transformations de l'espace en un temps très court. Ce besoin de rapidité nécessitait un emploi de méthode radicales et des besoins importants, proches du gaspillage pur et simple qui causa la disparition, tout de même, de plusieurs espèces animales et végétales, paradoxe pour des « Naturels ».
Cependant, tous les récits mettent en lumière une certaine sagesse au sein même de la tribu grâce à un guide d'une grande qualité morale et physique : Celleric Aldor VII, dit l'Ingrat, selon la réflexion contenue dans les Saintes Notes (Note 42).
Pour avoir, selon les bruissements des feuilles, quitté un monde de petits auquel il devait tout, Cheldres, en accompagnant son peuple dans cet univers où l'immensité des découvertes et la grandeur de leur action compenserait cette abandon brutal, avait trahi ses pères et les pairs de l'ancien monde.
Certains le suivirent. D’autres, aveuglés par leurs titres et dignités personnels qui n'auraient plus eu aucune valeur dans ce nouveau monde, se contentaient de leurs piteuses existences de servitude au service de rois, princes et chefs d'État tous plus fiers, arrogants, égoïstes, conservateurs, méprisants et aveugles les uns que les autres et décidèrent de rester dans l'ancien monde.
Il est inutile de fixer aujourd'hui une comparaison morale sur les positions de l'un ou l'autre des deux camps qui se formèrent autour de ce sujet. En effet, Sevan lui-même place chaque syiste devant son propre choix de vie et ses responsabilités. Ce choix étant l'expression de l'action engagée pour la satisfaction de son Égal.
Le peuple Syu, mené par Cheldres l'Ingrat, atteint donc les rives de la Gallice, terre promise, et le peuple Syiste s'éleva alors pour suivre sa Voie.
Les contacts avec l'ancien monde furent alors coupés mais nous savons aujourd'hui, par recoupement d'écrits, que celui-ci resta pendant de nombreuses années encore sous le joug de ces règles qu'il avait dressé comme des barrières, toujours soumis aux mêmes hommes, aux même mentalités qui, certes, évoluèrent, mais seulement pour se radicaliser.
Il faut considérer cela comme un autre choix de Dieu et, de même, c'est cette providence qui allait amener Cheldres l'Ingrat, explorateur insoupçonné dans l'âme, à réaliser des incursions toujours plus fréquentes dans les terres du sud de la Gallice.

Dans cette région, près de l'Arbre de l'Atara, à trente kilomètres au sud de l'actuel Palais des Comptes, vivait un petit ermite, qui dès les premiers temps des Syus sur les Terres de Gallice, fut connu sous le nom de Sevan Joss ou encore Saint Sevan sans jamais révéler vraiment qui il était.
Féru de sciences et passionné de recherches aussi bien humaines que cartographiques, Sevan restait à l'écart de toute civilisation, au sommet des arbres ou sur les plateaux les plus reculés afin d'observer, de contempler, d'examiner et d'analyser avec attention et minutie, les mœurs de ces nouveaux arrivants. Il les suivait à distance depuis leur débarquement et les découvrait petit à petit. C'est essentiellement grâce à lui que nous connaissons le peuple Syiste Ante Sevan.
Il prenait un grand soin à établir chaque jour des Notes de ses observations et des remarques, toujours plus pertinentes, rangées selon une grille analytique et une typologie extrêmement précises, encore utilisées aujourd'hui par certaines écoles anthropologiques ou sociologiques, et non des moindres. Cependant, de nombreuses parts de ces réflexions écrites ne nous sont pas parvenues en bon état et seule la version la plus intime, en réalité ces pensées les plus profondes et les plus personnelles, forment un corpus assez important pour permettre une compréhension globale de la vie à cette époque.
Étrangement, la première des choses qui frappe l'esprit est l'absence totale de récits concernant le passé de la Terre de Gallice. Sevan ne gardera de son enfance que son prénom.
Les Historiens ont établi plusieurs thèses, qui portent encore aujourd'hui à controverse, sur l'origine de Sevan Joss. Pour certains, il pourrait appartenir à la classe des ermites d'Izgan, un groupe d'alchimistes montagnards réputés pour leur valeur morale et leur esprit méthodique. D'autres l'assimilent à un quelconque inventeur déchu de son cercle d'anciens. Un troisième courant, plus minoritaire toutefois, le voit comme une sorte de druide, guide spirituel d'une autre religion Naturiste préexistante aux Syus, qui aurait été banni de sa tribu ou se serait réfugié dans ces montagnes en vue d'une quête spirituelle.
Ces hypothèses ont chacune pour elles des arguments forts et sont sujettes à de lourdes controverses notamment sur le fait qu'elles se bases essentiellement sur la description physique du vieil homme que nous pouvons trouver dans les Récits d'Euphylèmne et qui sont corroborés en partie dans d'autres Notes Discipuliannes. Archimeïde le présente en effet simplement comme un vieil homme peu élevé portant une tunique blanche immaculée, un bâton et présentant une barbe et des cheveux tout aussi blancs et longs.
Autant d'indices que de manque de preuves plus concrètes amènent la science à réfuter ces explications intéressantes mais par trop simplistes et basées sur des certitudes trop vite acquises et trop facilement démontables. Nous dirons, pour notre part, que l'histoire de Sevan débute à la première ligne de ses Saintes Notes permettant d'identifier les « Barbares » de Cheldres comme les ancêtres des actuels habitants de Gallice et le Saint Homme comme le révélateur des attentes de Dieu pour les Hommes.

L'étude de ce peuple fait aujourd'hui partie de la période que les Syistes considèrent comme le mois de la Sainte Étude.
Cette Sainte Étude est retranscrite dans la première moitié des notes de Sevan, partie malheureusement largement perdue.
Il semblerait, en effet, que lors du meurtre de Sevan, la découverte de ses écrits mécontenta grandement les Abjurateurs qui en détruisirent une large partie avant d'être poursuivis par les disciples Sevanistes. Sous les premiers jours du Syisme, le sort de ces écrits ne fut pas beaucoup plus enviable, car, par soucis d'asseoir une croyance qu'ils jugeaient désormais pure, les descendants des nobles Syus préférèrent réécrire leur histoire, considérant ces notes comme une étude scientifique d'un passé peu glorieux, et les dissimulèrent. Cette partie des Notes de Sevan s'éparpilla alors dans de multiples collections privées.
Ces notes ont été redécouvertes pour la plupart il y a quelques années seulement et font depuis l'objet d'une collecte systématique de la part de l'Église avec, évidemment, une vérification scrupuleuses de la véracité des Notes et une distinction entre Notes Sevanistes et apocryphes discipulaires.
Pour exemple de ces Notes cachées, nous pourrions citer le passage que nous trouvons chez Sevan de la mise à mort d'un homme pour le simple amusement de quelques-uns (Note 12) qui ne nous est parvenu qu'à moitié ou encore des bribes de rites en l'honneur de Quiistam, le dieu purificateur des Naturels Syus que nous trouvons retranscrits chez Sevan (Notes 34 et 52), et détaillés dans les Récits d'Euphylèmne.
« On construit toujours son histoire » disait Sevan, celle-ci nous montre qu'il est également possible de la détruire si celle-ci semble trop noire à notre goût.

Pressé par des rêves de plus en plus précis et fréquents au sujet de richesses se trouvant au sud de l'île, Cheldres l'Ingrat, persuadé d'un message divin de Darvin, son dieu des Nuages et de l'Obscurité, guida le reste de son peuple dans d'une nouvelle expédition. Celle-ci rassembla la totalité de la noblesse syiste aux côtés d'un Cheldres, reconnu pour la première fois comme investi d'une mission divine. C'est cette assurance en une aide supérieure qui allait représenter dès lors l'alliance entre la force monarchique et la foi spirituelle.
Exempt de tout appui clérical, Cheldres n'a toutefois pas encore la légitimité d'un monarque de droit divin tel que l'ont autrefois trop rapidement affirmé quelques historiens. On ne peut, en effet, établir un réel un constat politique dans cet épisode car les Syus, à l'époque, se divisaient encore pour leur chef au lieu de se lier pour la grâce divine. Cheldres l'Ingrat détenait ainsi une double légitimité : celle d'un chef de guerre et celle d'un interprète spirituel mais rien de plus.
Il est théologiquement intéressant de comparer cette prémonition, expliquée pour Cheldres comme un message de Darvin, avec l'interprétation Syiste de l'événement, donnée par Sevan lui-même et Archimeïde et qui rend cet épisode d'autant plus capital.
Pour ces derniers, en effet, Dieu aurait appelé les Égaux de tout Syistes autour de Sevan ce jour. Le Saint Homme analyse, après coup, cet épisode, comme un événement quasi naturel et explique les visions de Cheldres par la force de la volonté divine. Pour lui, Cheldres a bien cru voir son dieu des Nuages lui parler, mais ce n'était réellement qu'une représentation de la volonté divine toute puissante à regrouper tous les Égaux en un même lieu, autour, nous indique Archimeïde d'Euphylèmne, du « Saint Homme à la pure parole ». Il faut évidemment comprendre ici pure à son sens ancien strict et beaucoup plus complet que de nos jours c'est à dire « pur, blanc et n'exprimant que la Vérité ».

La richesse que les Syus découvrirent ne fut pas celle à laquelle ils s'attendaient mais la vision du Saint Homme, Sevan, attendant sa destinée à l'intérieur d'un modeste cabanon réalisé grâce à de simples matériaux (feuilles, pailles et branchage) et un autel creusé dans le creux d'un arbre pour prier. Cette vision fut certainement des plus insolites pour ce peuple de barbares qui venait pour une richesse et découvrait une simplicité bien loin de leur vie en communauté sur les hauts plateaux où les habitations étaient plus conséquentes, construites de matériaux durables et solides (pierres et alliages en particulier).
La réaction de Cheldres l'Ingrat fut pour le moins étonnante et frappa tous ses guerriers qui, restés à l'écart, observaient leur chef pénétrer dans le cabanon sans même dégainer son arme en guise de précaution. Sevan, dans sa Note 35 nous renseigne d'avantage :

Note 35 a écrit:
« Frôlant la porte du cabanon sans trop vouloir l'ouvrir, il glissa un œil dans l'obscurité, s'approcha en un souffle de l'autel et plongea la paume de sa main sur le marbre froid comme s'il eût découvert l'entrée d'un autre monde : celui des rêves et de la Majesté ».

Sevan apparut alors à lui en abaissant la tête en signe de salut et le contact fut établi tel que nous le transcrit la Note 37, al. 3-4, après un long moment d'évaluation de part et d'autre :

Note 37, al. 3 et 4 a écrit:
« Je n'ai pas d'armes, Prince, je porte la seule marque de ma vie.
N'aie crainte, Sage, nous n'avons d'armes que pour les morts ».

Un long silence s'installa. D'un côté, les hommes de Cheldres, restés à l'extérieur et n'entendant aucun bruit provenant du cabanon, ne savaient trop que penser ni comment agir. Euphylèmne nous les décrit dans un « calme gêné » qui régnait dans l'atmosphère et comme désemparés par le calme ambiant et pesant. Eux qui étaient habitués à se ruer dans la bataille afin de contenter Kelgroom, le dieu des Fièvres et de la Furie Meurtrière, il fallait maintenant qu'ils attendent sans mot dire face à une porte en bois close. Le silence perdura de ce côté pendant les longues minutes que durèrent l'entretient.
De l'autre côté, après ces brèves salutations remplies de sens, les deux hommes recommencèrent à se jauger l'un l'autre. Sevan et Cheldres se regardèrent ainsi, impassibles, les yeux dans les yeux, sans peur ni la moindre inquiétude d'aucun des côtés pendant de longues minutes. Ils dialoguaient en silence. Sevan, vêtu d'une longue robe de lin blanc, retira son manteau de toile et le tendit au chef barbare couvert d'un simple pagne comme une défiance à la Mort qu'il ne craignait nullement en combat. Ce don marquait la fin de la conversation muette.
Les deux seules phrases qu'ils s'échangèrent ce jour sont immortalisées par le Jour du Rassemblement.
Cheldres ressortit au bout d'une heure comme révélé à lui-même, pensif, certes, mais semblant en avoir plus appris sur lui qu'il ne l'avait fait jusqu'alors et après encore quelques minutes de silence face à ses hommes, toujours inquiets, il ordonna de jeter le camp à quelques distances de là.
Les jours suivants, Sevan laissait les guerriers s'installer dans la périphérie de son « camp » tandis qu'il s'entretenait de longs moments avec Cheldres l'Ingrat lui apprenant les qualités d'un religieux comme il l'entendait.

Aucune des Notes, Saintes ou Discipuliannes, ne fait mention des coutumes religieuses de l'ancien pays de Sevan, pouvant ainsi nous expliquer la raison de son exil et la formation de sa pensée. Nous savons uniquement que le Saint Homme a quitté son pays d'origine suite à un schisme avec la croyance communément admise, mais nous n'en connaissons pas l'origine.
De son obscur passé, Sevan avait acquis, outre ses connaissances philosophiques, la capacité de diriger efficacement un groupe d'homme. Sous sa présence et l'autorité de Cheldres, la population barbare mis en œuvre sa force de travail et l'organisa. Il advint ce qu'il était prévu et qui était encore nouveau pour eux : une vie pacifique et sédentaire. La main de Dieu fit alors le reste et chaque homme trouvait dans cette nouvelle situation un bonheur et une utilité pour lui-même, pour sa famille, sa tribu et son chef.
Mais au bout de quelques mois, cependant, cette vie rurale et bucolique ne satisfaisait plus pleinement les seigneurs de guerre Syus. Cheldres, conscient de la situation, chercha, des semaines durant, une solution au malaise qui grandissait dans son peuple et qui menaçait chaque jour un peu plus sa légitimité. Une quête, une chasse et de l'action : voilà ce qu'il leur manquait. Pour satisfaire son élite guerrière, Cheldres l'Ingrat lança une expédition maritime au sud, à la recherche de nouvelles terres, non encore avérées à l'époque mais indiquées par Sevan dès les premiers jours.

Nous ne pouvons connaître exactement les intentions de Sevan lorsqu'il indiquait ces îles prétendues au sud de la Gallice, ni même s'il était assuré de leur existence. Était-il sincère ? ou n'était-ce qu'un moyen d'expédier au loin les derniers relents bellicistes de la civilisation Syu ? L'unique témoignage que nous possédons de ce tragique épisode réside dans l'obscure Note 43 al. 4, transcrivant les dernières paroles de Cheldres prêt à embarquer à l'attention du Saint-Homme :

Note 43 al. 4 a écrit:
« La brume nous enferme, qu'à jamais elle nous guide. »

Simple supplique à destination des futures prières de Sevan ou pressentiment fataliste d'un esprit suicidaire mais conscient d'appartenir à un autre temps ?
Les théologiens poursuivent leurs discutions. Il n'en reste pas moins que la mer ce jour-là fut particulièrement agitée et que l'expédition conclut à un funeste échec.
Aucun des expéditionnaires ne revint jamais en Terres de Gallice. La population barbare restée sur place s'organisa afin de survivre après la perte de leur chef et des seigneurs guerriers ne s'attendant pas, non plus, à les revoir après la tempête. Sans pouvoir centralisé, sans dirigeant autre que le charismatique Saint Homme qu'était Sevan Joss et qui gérait la vie économique du village, une atmosphère étrange s'installa. L'individualisme, l'opiniâtreté, le goût de la richesse et l'importance que prenait l'idée de propriété se développaient en même temps que le clientélisme et la concurrence.
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Message par Grand-Pontife Turmwächter Ven 3 Juin 2016 - 1:53


Sevan comprenant qu'une vie économique en parfaite communauté menait toujours à l'échec de l'homme sur la durée voulait alors retrouver un homme empli de Majesté ; un homme inspirant le respect de toute une population. Lui-même confie dans sa Note 47, al. 9 à 15 :

Note 47, al. 9 à 15 a écrit:
« Seigneur, j'existe parce que je vois, devrais-je m'aveugler pour les faire vivre ? dès lors, qui me guidera ? [...]
La sagesse protège l'homme mais ne vit pas à sa place. [...]
Il est aisé de protéger car l'esprit est un corps latent je suis faible et préfère voir, je suis l'esprit ».

La solution trouvera ses composantes dans les yeux d'un enfant de 4 ans, l'enfant, non avoué jusque-là, de Cheldres. Les théologiens s'accordent pour affirmer que la découverte de la descendance est attribuée à Breinehaut Salbert, l'épouse de Cheldres, qui saigna des paupières après avoir regardé son fils droit dans les yeux sur la place centrale du village.
La Note 52 font références à :

Notes 52 al. 1 a écrit:
« Des larmes fondues dans le sang s'écoulant vers le ciel ».

Sevan s'approchait de la femme, les mains tournées vers l'enfant, et, posant la main sur son épaule ajouta :

Note 52, al. 5 a écrit:
« Fixer le soleil, c'est fixer Dieu dans toute sa Majesté. Celui qui craint la mort, craint la vie tout autant et demeure foudroyé par son incarnation ».

Puis, fixant à son tour l'enfant, il termina par ses mots :

Note 52, al. 7 a écrit:
« Tu vois le destin d'un peuple, tu es sa destinée ».

Sevan s'en retourna vers son autel en laissant le peuple méditer sur ses paroles.

Le lendemain il revint au village, un bâton de pèlerin dans la main droite et une épée en acier forgée dans la gauche. Tout le village cessa ces activités et la rumeur d'un évènement obscur mais capital pour l'avenir de la société se diffusa. On se pressa de toutes les fermes, de tous les corps de métiers, de tous les marchés et de toutes les habitations, d'aucun ne resta froid ou passif. La place du village fut noyée de monde.
Sevan, du haut d'une vallée surplombant la place, et l'enfant, apeuré par tant de cérémonial, se tinrent devant la foule, l'un devant l'autre.

Les Notes 53 à 56 font alors détail de ce qu'il nomme l'Intronisation ou la Révélation par ces quelques mots adressés à l'enfant :

Note 53, al. 1 a écrit:
« Cheldres, tu reviens aujourd'hui parmi ton peuple qui ne t'a jamais oublié, tu reviens, tu demeures et tu demeureras plus qu'un chef, un guide, un espoir ! »

Puis, après avoir posée tour à tour son bâton sur l'épaule gauche, sur le cœur, au-dessus de la tête et sur l'épaule droite, celui-ci adressa sa Sainte Phrase au ciel et au peuple :

Note 53, al. 3 a écrit:
« La voix du peuple à un empire te porte,
Et l'empire, tel un fils t'exhorte,
À servir, fer au fer, nos peuples par grande Foy
En apportant à celle de l'histoire ta voix,
La tienne, du pays, est la somme,
La mienne fait figure de Loi,
La Chose Publique te fait homme,
Je te fais Roi. »

Après quoi, il planta l'épée au sol en face de l'enfant et l'exhorta à s'agenouiller.

Note 54, al. 1 et 2 a écrit:
« L'épée te lie à la terre.
Comme ta volonté est liée au peuple
Aie pour lui l'amour d'un père
Car sans cela tu seras tyran. »

Sevan saisit les deux mains de l'enfant et les serra sur la lame froide. Son sang s'écoula délicatement pour suivre les bordures de celle-ci jusqu'à pénétrer la terre.

Note 54, al. 7 et 8 a écrit:
« Le sang te lie à la terre.
Comme leur salut est liée au tien,
Veille toujours en âme-frère,
Car sans eux tu ne serais rien. »

Les mains de l'enfant, toujours sous la tutelle de Sevan, poursuivirent leurs lentes écorchures vers le sol pour s'arrêter lorsqu'ils embrassent la douceur de la terre. Sevan saisit un peu de sable, se releva et en  versa sur la tête de l'enfant, toujours courbé.

Note 54, al. 14 à 16 a écrit:
« La douleur que tu ressens n'est rien.
Vois comme il est nécessaire d'allier sang et acier,
pour atteindre la douceur d'un avenir tant désiré,
Apprends que pour posséder tant et tant de biens.
Il a fallu, il faut et il faudra causer du chagrin,
Comprends que rien n’existe sans guerre,
Il en faudra hélas pour défendre ta terre ».

Sevan prit l'enfant par les épaules :

Note 55 a écrit:
« Si tu dois combattre,
Tu combattras,
Si tu dois périr,
Tu périras,
Afin qu'à jamais,
S'ouvre le renouveau
Et que tu revives, Majesté
À nouveau ».

Sevan, comme tout le peuple, baissa la tête, ferma les yeux et s'agenouilla, le poing gauche fermé sur le côté droit du torse, tandis que la main droite se posa sur le genou droit à nouveau.
Alors qu'il termina sa dernière phrase, Sevan, toujours à genoux, retira l'épée ensanglantée de terre et lui tendit par la lame, tout le peuple, encore agenouillé, relèva la tête pour participer à ce que les Syistes nomment l'Échange des Souffles : l'enfant saisit l'épée avec difficulté puis s'approcha de Sevan, et l'embrassant sur la bouche, lui confia bassement :

Note 56, al. 1 a écrit:« M’aideras-tu ? »

Sevan sourit et répondit :

Note 56, al. 4 a écrit:« Au nom de L'Épée, du Sang et de la Terre, ainsi soit-il »
.

Ce passage est nommé les Deux jours du Révélé et fêté comme tel par les syistes.
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L'Histoire Syiste, Histoire officielle de la Très Sainte Église Syiste, Eudémoniste, Philosophique et Gallicienne Empty Re: L'Histoire Syiste, Histoire officielle de la Très Sainte Église Syiste, Eudémoniste, Philosophique et Gallicienne

Message par Grand-Pontife Turmwächter Sam 4 Juin 2016 - 5:10

Les Syu devinrent donc une monarchie dirigée par la philosophie de Sevan. Les villageois sans travail venaient écouter ses discours tandis que les enfants jusqu'à l’âge de sept ans étaient confiés à l'ermite qui se devait de les former aux arts de l'esprit, du cœur et du travail.
L'École Sevaniste permis de créer une nouvelle génération d'élite qui remplaçait l'élite guerrière des temps anciens par celle de la culture et de l'intellect.
Cependant cette évolution, comme souvent, ne pouvait se réaliser sans dommage. En effet, sentant que leur influence diminuait parmi la masse et que celle-ci devenait beaucoup moins manipulable que par le passé, un petit groupe de l'élite ancienne, celle des fidèles de la « cour » guerrière de Cheldres Ier, s'adressa à Sevan, le 18 juin de l'an 72 SN, en ces termes :

Complainte des lames brisées, Philistate de Lettres a écrit:
« Toi qui comprends le cycle du monde,
Toi qui vois comment le faire marcher,
Vois combien notre vie est immonde,
À cause de toi, brisée. »
Ces termes sont inscrits dans les Notes de son principal adepte Philistate de Lettres comme la Complainte des lames brisées.
Sevan l'enjoint alors, lui et ses guerriers, à se joindre à son école afin de lui enseigner tout ce qu'il savait mais pour toute réponse, le guerrier lui tourna le dos en disant :

Complainte des lames brisées, Philistate de Lettres a écrit:
« Cesse tes discours vieil homme et prêche simplement la Nature comme nous l'avons toujours fait. »
Philistate dans sa Note 17 fait état de l'attitude de Sevan alors que la délégation sortait de son habitat :

Complainte des lames brisées, Philistate de Lettres a écrit:
«Il le regarda s'en aller, puis se rassit et nous dit :
il fuit la culture et votre Destin, N'oubliant pas la Nature, je n'oublierais pas le mien.
Ainsi, il poursuivit son discours, accueillant comme chaque jour jusqu'au soir les enfants qui avaient terminé leurs tâches quotidiennes. Ce jour-là, il parlait plus qu'à l'accoutumé, il voulait savoir si tout le monde avait compris le message qu'il avait tenté de nous enseigné pendant ses heures de dialogue. Il insista sur la nécessité de se parler, d'échanger des idées et de n'employer la force qu'en dernier recours, même avec ceux dont le cœur n'est pas prompt à recevoir l'offrande de l'esprit.
Ce soir-là, comme chaque soir, celui-ci nous demandait de rejoindre nos familles afin qu'il puisse méditer en paix avec ce vieil inconnu, parole qui désignait son sommeil : un état de conscience absolu dans toutes les choses qui existent autour de lui et un état d'inconscience des limites du corps. »
Les Récits d'Andromeïde d'Euphylèmne signalent que, après avoir quitté Sevan, le groupe aperçut quatre ombres peu claires. Après une minute de réflexion concertée dans le groupe, Philistate de Lettres reconduisit le groupe vers l'habitat de Sevan afin d'empêcher les intrus de troubler son repos.
À leur arrivée, Andromeïde nous décrit la scène avec effroi (Récits, Écrits III, 22-27) :

Récits, Écrits III, 22-27 a écrit:
« Le souffle coupée, nous fûmes témoin d'une scène sans réalité : l'ancien conseiller à la guerre et au pillage de Cheldres Ier se tenait face à Sevan, une immense hache de guerre dans la main droite qu'il faisait tournoyer au-dessus de sa tête. Sevan, impassible, avait empoigné son bâton et s'apprêtait à livrer son Destin au sort mais, comme il nous l'avait toujours enseigné, jamais sans combattre. Philistate de Lettres, notre compagnon à tous, accourut alors pour empêcher la tragédie.
Voilà donc ma victoire éternelle sur l'instinct animal !
Ce en quoi le conseiller de Cheldres répondit en abattant sa masse tranchante :
Tu n'as eu de victoire que dans la perfidie, vieux fou !
Sa tête alla rouler sur le sol tandis que son corps s'effondrait. À la suite de Philistate et saisi d'une rage aveugle, les disciples de Sevan sortirent tous de leur cachette en direction des guerriers. Le carnage était total. »
Ce massacre est nommée de l'Ultime Éclat par les Sevanistes et se trouve retranscrit par le seul qui n'avait pas bougé : Andromeïde.
Les guerriers ne pouvaient, après cet épisode, rentrer dans le village, ils menèrent une vie de nomade durant 23 ans où ils pillèrent tous les ans la capitale Syu.

L'expédition de l'an 95 SN dirigée par Andromeïde lui-même, nouveau chef de ce qui était devenu l'Église Syiste, avait pour but d'exterminer les infidèles nommée les « sans âmes ».
La bataille de la plaine sèche le 15 août fut à l'égal du carnage d'antan : les quatre guerriers face à 25 hommes armés d'arquebuses furent abattus. Les syistes nomment ce jour comme une victoire de l'Église sur la barbarie.
Pour autant la pensée barbare de ceux qui sont nommés les Abjurateurs n'a pas totalement disparu mais elle est vivement combattue et ceux-ci agissent dans l'ombre et le secret.
Andromeïde fut désigné par tout le peuple comme le nouveau Souverain de l'Église des pensées de Saint Sevan nommée dès lors l'Église Syiste. Malgré la mort de Sevan, la survie de Saint Sevan prouve à tout son peuple qu'il vivra éternellement par son enseignement et la société qu'il a fondé. Ses disciples furent alors tous canonisés en commençant par Philistate de Lettres qui donna le nom à l'Ordre des lettres et des armes. Les ordres des autres disciples se dispersèrent dans les conflits qui s'ensuivirent.
En effet, cette élite qui vouait un profond culte à l'homme des lumières se demanda rapidement si celui-ci n'était pas une incarnation de la nature et de Dieu eux-mêmes.
C'est alors que le principe de dialogue et d'échanges d'idées qui avaient permis la création de l'Église allaient la fragmenter en plusieurs Écoles de pensée produisant ainsi la Grande Cassure : les Sevanistes rencontrèrent la résistance des Naturels, un ordre qui remet la nature et le cycle naturel de toute chose au centre de leur considération religieuse et qui ne reconnaît donc pas l'incarnation divine en Sevan. Les discussions entre les deux ordres devinrent de plus en plus violentes, les Naturels allant jusqu'à diminuer le rôle de Sevan dans l'installation et l'élévation du peuple Syu, jusqu'au 27 mars 497 SN où une partie des Sevanistes prirent les armes afin de réprimer les pensées humiliantes des Naturels.
Une descente dans le quartier de la Confrérie des Naturels fit 300 morts et autant de blessés.
La réponse fut immédiate : les Naturels, bien que moins nombreux, répliquèrent par la mise à sac du quartier ouest et centre de la ville faisant une centaine de victimes en justifiant chacun de leurs pas par l'unique phrase : « Si tu dois périr, tu périras ! »

Cette phrase fut d'ailleurs entendue d'une manière positive par une partie des Sevanistes qui n'avaient pas pris les armes. En effet, ceux-ci laissent libre court à toutes idéologies tant que l'on ne remet pas en cause la place centrale de Sevan. Ainsi, à la différence de ceux qu'ils nommèrent les Faucheurs (et qui devint un ordre inhérent à l'Église), les Sevanistes prônèrent la tolérance « pour ceux qui reprennent et respectent les mots du Saint » (Abbé Lepalle).

Depuis ce temps, les frictions entre membres de l'Église ne cessent de créer des tensions internes et même malgré la succession de pape fort calculateur, la cohésion n'a jamais été réellement assurée jusqu'à l'avènement du Pape Cavale II qui fonda en 1572 SN l'Ordre des Chevaliers de la Sainte Foy en plus des Chevaliers des Tyrans de Gallice qui existaient déjà depuis 1352. Cet ordre réunit toutes les Écoles majeures ou mineures, combattant toutes sous l'autorité d'un seul chef, le Souverain de l’Église et pour une seule idéologie : L'Église Syiste.

Le succès de cet ordre est sans précédent puisque petit à petit les Syu connaissent un retour à la stabilité religieuse donc politique et une unité de Foy.

Ainsi est née et a grandi la pensée de l’Église Syiste, Église de la Philosophie.
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