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Bataille d’Ascavon
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Bataille d’Ascavon
Une épidémie de typhus ravageant les terres ennemies avait retardé les interventions militaires avaroises d’envergure en principauté d’Yrusalem, reléguant les combats à la guerre de course dans les détroits et aux raids côtiers sur l’île d’Orion. Pour autant, l’Amirauté avait profité de ce moment de répit pour élaborer un plan ayant pour objectif de paralyser la machine de guerre turcose en brisant ses capacités d’intervention navale pour le restant du conflit.
La difficulté de cette stratégie résidait dans la nature quelque peu décentralisée et hétéroclite de la marine antagoniste. En effet, le sultan et ses alliés les beys maintenaient chacun une marine et un commandement largement indépendants les uns des autres, convergeant au moment des engagements contre le Saint-Empire et la flotte pontificale qui se résumaient bien souvent à des assauts rapides. L’Amirauté avaroise avait savamment joué au chat et à la souris avec l’adversaire, évitant à son tour les batailles rangées et conservant ses plus gros tonnages dans les eaux de Nouvelle-Alexandrie, faussant ainsi le renseignement militaire ennemi. En outre, clef de son intrigue, elle avait accentué ses raids contre les voies particulièrement empruntées, limitant les accès aux côtes jusqu’à contraindre les navires turcoses à s’amonceler dans la rade profonde d’Ascavon, que le sultanat croyait hors d’atteinte et un objectif secondaire de toute entreprise conquérante.
L’Amirauté avait désormais la presque totalité de la flotte de l’adversaire mouillant dans la baie et ignorant l’approche des forces de l’Amiral Étienne Désiré d’Amboix de Vigerie, commandant à la fois avarois, vassaux, alliés et volontaires.
Qu’elle qu’en soit l’issue, cette bataille navale se révèlerait assurément décisive...
La difficulté de cette stratégie résidait dans la nature quelque peu décentralisée et hétéroclite de la marine antagoniste. En effet, le sultan et ses alliés les beys maintenaient chacun une marine et un commandement largement indépendants les uns des autres, convergeant au moment des engagements contre le Saint-Empire et la flotte pontificale qui se résumaient bien souvent à des assauts rapides. L’Amirauté avaroise avait savamment joué au chat et à la souris avec l’adversaire, évitant à son tour les batailles rangées et conservant ses plus gros tonnages dans les eaux de Nouvelle-Alexandrie, faussant ainsi le renseignement militaire ennemi. En outre, clef de son intrigue, elle avait accentué ses raids contre les voies particulièrement empruntées, limitant les accès aux côtes jusqu’à contraindre les navires turcoses à s’amonceler dans la rade profonde d’Ascavon, que le sultanat croyait hors d’atteinte et un objectif secondaire de toute entreprise conquérante.
L’Amirauté avait désormais la presque totalité de la flotte de l’adversaire mouillant dans la baie et ignorant l’approche des forces de l’Amiral Étienne Désiré d’Amboix de Vigerie, commandant à la fois avarois, vassaux, alliés et volontaires.
Qu’elle qu’en soit l’issue, cette bataille navale se révèlerait assurément décisive...
Duc d'Épinac- Posts : 62
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Re: Bataille d’Ascavon
Mais alors que la flotte avaroise se préparait à un engagement de taille, un modeste cotre arborant les couleurs marchandes glissait agilement vers l’embouchure de la baie d’Ascavon, fendant la brume matinale enserrant toute la péninsule sud-est de la rade. Les contours d’une fortification se dessinèrent peu à peu alors que le navire s’approchait de la côte : le fort d’Erios, vestige des premières croisades avaroises, que le bey local avait fait renommer Min-Biwa, ou " Nid d’Aigle ", en référence à la vue imprenable dont jouissait la fortification vieillissante.
Au sein du cotre doucement balloté par les vagues, plusieurs paires d’yeux curieux observaient l’édifice par un mantelet de sabord entrouvert.
" Messire de Vigerie nous croit assez nombreux pour prendre d’assaut cet ouvrage !? "
" Ils sont une douzaine la nuit, tout au plus. " répondit La Boissière d’un sourire espiègle " La caserne est désormais utilisée pour entreposer du grain. Le reste des troupes est contraint de cantonner en contrebas. Nous n’avons pas le nombre, mais nous avons notre habilité à l’épée, notre courage... et le fouet de l’Amiral au séant ! "
" Ah, ça ! "
Le marquis interrompit l’éclat de rire général en pointant une minuscule zone d’ombre s’enfonçant dans la falaise.
" Voyez-vous cette cavité ? " dit-il en passant sa longue-vue aux gentilhommes présents " Elle devient accessible en barque à marée haute et donne accès aux entrailles de la place forte. Un vestige de l’âge d’or de la contrebande. "
D’un coup de barre, le petit vaisseau à voiles commença à s’éloigner du littoral. Il n’était point question d’attirer l’attention des guetteurs. La troupe d’aventuriers reviendra lors de la prochaine marée, protégée par la nuit noire et l’insouciance de l’ennemi.
Au sein du cotre doucement balloté par les vagues, plusieurs paires d’yeux curieux observaient l’édifice par un mantelet de sabord entrouvert.
" Messire de Vigerie nous croit assez nombreux pour prendre d’assaut cet ouvrage !? "
" Ils sont une douzaine la nuit, tout au plus. " répondit La Boissière d’un sourire espiègle " La caserne est désormais utilisée pour entreposer du grain. Le reste des troupes est contraint de cantonner en contrebas. Nous n’avons pas le nombre, mais nous avons notre habilité à l’épée, notre courage... et le fouet de l’Amiral au séant ! "
" Ah, ça ! "
Le marquis interrompit l’éclat de rire général en pointant une minuscule zone d’ombre s’enfonçant dans la falaise.
" Voyez-vous cette cavité ? " dit-il en passant sa longue-vue aux gentilhommes présents " Elle devient accessible en barque à marée haute et donne accès aux entrailles de la place forte. Un vestige de l’âge d’or de la contrebande. "
D’un coup de barre, le petit vaisseau à voiles commença à s’éloigner du littoral. Il n’était point question d’attirer l’attention des guetteurs. La troupe d’aventuriers reviendra lors de la prochaine marée, protégée par la nuit noire et l’insouciance de l’ennemi.
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Re: Bataille d’Ascavon
La troupe revint à l’heure prévue et jeta l’ancre derrière les premiers écueils effleurant la surface. Il incombait aux avarois de continuer à la barque par une route zigzagant entre les roches acérées que seul connaissait un passeur à la retraite payé rubis sur l’ongle. Recroquevillés au fond de l’esquif et dissimulés par une bâche sombre laissant deviner ça et là caissons et cageots de pêcheur, les cinq hommes restèrent immobiles et silencieux, doucement ballotés par les vaguelettes du littoral et à l’écoute des clapotis réguliers du vieil ultramarin ramant jusqu’aux pieds de la falaise. Un soubresaut de l’embarcation et le fin raclement de la coque contre le fond sableux indiqua à l’équipage leur arrivée à destination.
" Ne bougez point. " souffla l’habitant en poussant le canot sur la mince bande de sable " Je pars en reconnaissance. "
Les bretteurs restèrent immobiles pour ce qu’il leur sembla une éternité. Leur contact avait-il vendu la mèche ? En terre sous occupation turcose, les pièces sonnantes et trébuchantes valaient tout l’honneur du monde. Se préparant à être doublé, La Boissière murmura à chacun de charger les armes à feu et de garder une main sur le pommeau de leur épée. Soudain, l’on entendit des pas se rapprocher : Saint Sevan soit loué, il ne s'agissait que de la démarche laborieuse du vieillard.
" Tout est bon. Entrez vite ! "
Ils s’extirpèrent de la couverture de fortune et remercièrent le passeur d’un coup de leur tricorne. Le marquis se retourna une dernière fois avant de disparaître dans la grotte.
" Pas un mot. " dit-il en lançant une couronne avaroise de 20 livres dans les mains calleuses de l’ultramarin " Et déguerpissez si cette affaire tourne mal. "
Au premier abord, l’accès contrebandier ne paraissait pas bien différent d’une simple cave percée par la force érosive des marées. Un sol étroit, inégal et glissant en pierre naturelle longeait une sorte de petite lagune intérieure renouvelée seulement lors de la marée haute, le tout sous une voûte capricieuse contraignant les intrus à se courber et avancer d’un pied hésitant. Au fond, des roches saillantes semblaient annoncer une impasse.
" Il ne nous reste plus qu'à gravir quelques mètres... "
La Boissière demanda qu’on lui confie l'unique lanterne de l'expédition puis s'exécuta. Arrivé au sommet, il contourna accroupi un rocher formant comme une colonne naturelle et tomba nez-à-nez avec une échelle en fer forgée s’élançant à l’abris des regards vers les hauteurs de la falaise. Le serviteur de Sa Majesté poussa un soupir de soulagement : jusqu’à présent, les renseignements militaires avaient vu juste. Restait désormais à savoir si le fort d’Erios se révèlerait aussi prenable que l’Amirauté ne l’imaginait.
" Ne bougez point. " souffla l’habitant en poussant le canot sur la mince bande de sable " Je pars en reconnaissance. "
Les bretteurs restèrent immobiles pour ce qu’il leur sembla une éternité. Leur contact avait-il vendu la mèche ? En terre sous occupation turcose, les pièces sonnantes et trébuchantes valaient tout l’honneur du monde. Se préparant à être doublé, La Boissière murmura à chacun de charger les armes à feu et de garder une main sur le pommeau de leur épée. Soudain, l’on entendit des pas se rapprocher : Saint Sevan soit loué, il ne s'agissait que de la démarche laborieuse du vieillard.
" Tout est bon. Entrez vite ! "
Ils s’extirpèrent de la couverture de fortune et remercièrent le passeur d’un coup de leur tricorne. Le marquis se retourna une dernière fois avant de disparaître dans la grotte.
" Pas un mot. " dit-il en lançant une couronne avaroise de 20 livres dans les mains calleuses de l’ultramarin " Et déguerpissez si cette affaire tourne mal. "
Au premier abord, l’accès contrebandier ne paraissait pas bien différent d’une simple cave percée par la force érosive des marées. Un sol étroit, inégal et glissant en pierre naturelle longeait une sorte de petite lagune intérieure renouvelée seulement lors de la marée haute, le tout sous une voûte capricieuse contraignant les intrus à se courber et avancer d’un pied hésitant. Au fond, des roches saillantes semblaient annoncer une impasse.
" Il ne nous reste plus qu'à gravir quelques mètres... "
La Boissière demanda qu’on lui confie l'unique lanterne de l'expédition puis s'exécuta. Arrivé au sommet, il contourna accroupi un rocher formant comme une colonne naturelle et tomba nez-à-nez avec une échelle en fer forgée s’élançant à l’abris des regards vers les hauteurs de la falaise. Le serviteur de Sa Majesté poussa un soupir de soulagement : jusqu’à présent, les renseignements militaires avaient vu juste. Restait désormais à savoir si le fort d’Erios se révèlerait aussi prenable que l’Amirauté ne l’imaginait.
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Re: Bataille d’Ascavon
La troupe commença à grimper les échelons avec une certaine appréhension mais dut se raviser devant l’instabilité de l’ouvrage. Sa vétusté ne permettait désormais plus qu’à supporter le poids d’un seul homme, d’autant que cet accès ne semblait pas avoir été façonné par des mains expertes. La Boissière prit les devants et monta de longues minutes jusqu’à parvenir devant une trappe.
Comme prévu, elle se révéla ouvrable, et le marquis n’eut qu’à percer de sa lame une ouverture dans un tapis que l’occupant avait placé nonchalamment par-dessus. Il se hissa légèrement par la fente ainsi créée et jeta un œil aux alentours. La salle faiblement éclairée par une unique torche faisait manifestement office de remise où s’amoncelaient meubles et babioles avarois dont les turcoses n’avaient su que faire depuis leur mainmise sur la région. Le bretteur s’extirpa du passage rocheux et émit quelques signaux de sa lanterne indiquant à ses confrères de lui emboîter le pas. Un à un, les intrus firent irruption dans les entrailles du fort.
" La moitié de la garnison est de garde, l’autre sommeille dans cette aile dont nous sépare deux couloirs. " pointa le jeune fougueux sur une carte dépliée à même le sol " Du moins, en principe. "
Ils se dirigèrent à pas feutrés vers la sortie, aux aguets du moindre signe d’une ronde ou d’un ennemi réveillé par une envie pressante, mais le calme régnait dans la caserne. La situation était semblable dans le corridor voisin, et ce jusqu’à la première cible des assaillants : de légers ronflements émanaient d'un accès sur lequel ne subsistaient que les lourds gonds d’une porte disparue.
La Boissière posa la lampe et dégaina une dague, indiquant d’un signe de tête à ses suivants de l’imiter. Raflant le mur, il se rapprocha de l’ouverture jusqu’à pouvoir discrètement jauger les forces en présence. Faiblement illuminé par le reflet spectral de la pleine lune perçant les meurtrières, une douzaine de hamacs et lits de fortune parsemaient la pièce, mais seuls cinq d’entre eux semblaient occupés. Un autre signe du chef de la bande indiqua à chacun de se placer lentement aux côtés des turcoses assoupis.
D’un geste coordonné, les soldats posèrent l'estoc de leur lame contre la thyroïde des malheureux et plaquèrent avec force un épais mouchoir sur leur visage. Les turcoses se réveillèrent soudainement mais ne purent dirent mot ni se redresser et restèrent ainsi dans l’emprise des silhouettes néoalexandrines en poussant des gémissements de terreur.
" Silence, messieurs, silence. " déclara à voix basse le marquis alors que perlait une goutte de sang de la gorge de son captif " Ne vous débattez point et vous ressortirez vivants de cette affaire. "
Les gardes ne se firent pas prier, permettant ainsi aux avarois de fouiller leurs nouveaux prisonniers avant de leur placer entraves et baillons puis de les enfermer dans une salle avoisinante.
" Cela risque d’être une tout autre histoire une fois sur les remparts. " souffla un spadassin avec ironie.
Comme prévu, elle se révéla ouvrable, et le marquis n’eut qu’à percer de sa lame une ouverture dans un tapis que l’occupant avait placé nonchalamment par-dessus. Il se hissa légèrement par la fente ainsi créée et jeta un œil aux alentours. La salle faiblement éclairée par une unique torche faisait manifestement office de remise où s’amoncelaient meubles et babioles avarois dont les turcoses n’avaient su que faire depuis leur mainmise sur la région. Le bretteur s’extirpa du passage rocheux et émit quelques signaux de sa lanterne indiquant à ses confrères de lui emboîter le pas. Un à un, les intrus firent irruption dans les entrailles du fort.
" La moitié de la garnison est de garde, l’autre sommeille dans cette aile dont nous sépare deux couloirs. " pointa le jeune fougueux sur une carte dépliée à même le sol " Du moins, en principe. "
Ils se dirigèrent à pas feutrés vers la sortie, aux aguets du moindre signe d’une ronde ou d’un ennemi réveillé par une envie pressante, mais le calme régnait dans la caserne. La situation était semblable dans le corridor voisin, et ce jusqu’à la première cible des assaillants : de légers ronflements émanaient d'un accès sur lequel ne subsistaient que les lourds gonds d’une porte disparue.
La Boissière posa la lampe et dégaina une dague, indiquant d’un signe de tête à ses suivants de l’imiter. Raflant le mur, il se rapprocha de l’ouverture jusqu’à pouvoir discrètement jauger les forces en présence. Faiblement illuminé par le reflet spectral de la pleine lune perçant les meurtrières, une douzaine de hamacs et lits de fortune parsemaient la pièce, mais seuls cinq d’entre eux semblaient occupés. Un autre signe du chef de la bande indiqua à chacun de se placer lentement aux côtés des turcoses assoupis.
D’un geste coordonné, les soldats posèrent l'estoc de leur lame contre la thyroïde des malheureux et plaquèrent avec force un épais mouchoir sur leur visage. Les turcoses se réveillèrent soudainement mais ne purent dirent mot ni se redresser et restèrent ainsi dans l’emprise des silhouettes néoalexandrines en poussant des gémissements de terreur.
" Silence, messieurs, silence. " déclara à voix basse le marquis alors que perlait une goutte de sang de la gorge de son captif " Ne vous débattez point et vous ressortirez vivants de cette affaire. "
Les gardes ne se firent pas prier, permettant ainsi aux avarois de fouiller leurs nouveaux prisonniers avant de leur placer entraves et baillons puis de les enfermer dans une salle avoisinante.
" Cela risque d’être une tout autre histoire une fois sur les remparts. " souffla un spadassin avec ironie.
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Re: Bataille d’Ascavon
Et en effet, le détachement avarois rencontra rapidement les gardes restant patrouillant la place forte sans se douter de rien. Il fallut cette fois-ci faire preuve d’un sang-froid féroce et résolu car la bruit de combats au fer ou à l’arme à feu risquait d’alerter l’encampanement turcose non loin de là. Les occupants en poste furent donc neutralisés un à un par une estafilade bien profonde dans la gorge. Triste destin pour ces hommes qui ne virent rien venir jusqu’à ressentir le funeste et froid tranchant des intrus sur leur gosier, et geste peu glorieux pour les gentilhommes armés du Saint-Empire, élevés dans la pure tradition des combats honorables. Mais les circonstances ne se prêtaient hélas pas à autre chose.
" Sommes-nous maîtres des lieux ? " demanda le marquis dissimulé derrière un large merlon, remarquant que ses compagnons étaient tous revenus de leur sinistre besogne et arboraient pour certains le costume de leur victime.
" Nous avons un blessé... " annonça l’un d’eux en se tournant vers le concerné, le plus jeune de la troupe, au visage pâle et le flanc ensanglanté.
" Vous, restez avec moi le temps que je traite cette fâcheuse entaille. Quant à vous, messieurs, prenez votre poste comme l’exige notre plan. "
Ils se dispersèrent puis La Boissière se rapprocha du cadet pour examiner la plaie. Elle ne semblait pas mortelle, bien que le sang coulât abondement.
" Le gredin m’a entendu au dernier instant et s’est retourné, hallebarde en main. J’ai pu cependant porter mon coup sans qu’il ne puisse pousser le moindre cri. "
" Vous avez bien fait. " répondit le bretteur d’un ton rassurant " Mêmes les meilleurs d’entre nous ne peuvent éviter les blessures, ou pire. "
La Boissière détacha de sa besace une petite bourse contenant du cuivre concassé et en saupoudra le contenu sur la blessure. Il fit alors quelques pas accroupis jusqu’à l’un des braséros des remparts dont il fourra le tisonnier au milieu des braises ardentes. L’aventurier profita du bref instant à patienter que le fer rougisse sous les flammes pour jeter un coup d’œil par-dessus un créneau : il faisait encore trop nuit pour déceler l’horizon et les vastes étendues de l’océan, mais la baie, faiblement illuminée par les lumières du port et des innombrables navires de guerre amarrés, semblait encore assoupie. Une remarquable puissance de feu reposait là, sur une mer d’huile, à mille lieux d’imaginer ce que l’attaquant avait mijoté. Pour le salut d’Yrusalem, la flotte impériale ne devait en aucun cas rater sa maigre fenêtre de tir. La prise du fort d’Erios venait de lui conférer un avantage de taille que les premières lueurs de l’aube ne tarderaient pas à relever...
" Sommes-nous maîtres des lieux ? " demanda le marquis dissimulé derrière un large merlon, remarquant que ses compagnons étaient tous revenus de leur sinistre besogne et arboraient pour certains le costume de leur victime.
" Nous avons un blessé... " annonça l’un d’eux en se tournant vers le concerné, le plus jeune de la troupe, au visage pâle et le flanc ensanglanté.
" Vous, restez avec moi le temps que je traite cette fâcheuse entaille. Quant à vous, messieurs, prenez votre poste comme l’exige notre plan. "
Ils se dispersèrent puis La Boissière se rapprocha du cadet pour examiner la plaie. Elle ne semblait pas mortelle, bien que le sang coulât abondement.
" Le gredin m’a entendu au dernier instant et s’est retourné, hallebarde en main. J’ai pu cependant porter mon coup sans qu’il ne puisse pousser le moindre cri. "
" Vous avez bien fait. " répondit le bretteur d’un ton rassurant " Mêmes les meilleurs d’entre nous ne peuvent éviter les blessures, ou pire. "
La Boissière détacha de sa besace une petite bourse contenant du cuivre concassé et en saupoudra le contenu sur la blessure. Il fit alors quelques pas accroupis jusqu’à l’un des braséros des remparts dont il fourra le tisonnier au milieu des braises ardentes. L’aventurier profita du bref instant à patienter que le fer rougisse sous les flammes pour jeter un coup d’œil par-dessus un créneau : il faisait encore trop nuit pour déceler l’horizon et les vastes étendues de l’océan, mais la baie, faiblement illuminée par les lumières du port et des innombrables navires de guerre amarrés, semblait encore assoupie. Une remarquable puissance de feu reposait là, sur une mer d’huile, à mille lieux d’imaginer ce que l’attaquant avait mijoté. Pour le salut d’Yrusalem, la flotte impériale ne devait en aucun cas rater sa maigre fenêtre de tir. La prise du fort d’Erios venait de lui conférer un avantage de taille que les premières lueurs de l’aube ne tarderaient pas à relever...
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Re: Bataille d’Ascavon
Sur la dunette de l’Indomptable, vaisseau amiral de l’armada de Sa Majesté, un trio d’individus arborant l’uniforme fringant d’officiers de la Marine s’étaient extraits de la cabine supérieure, le bicorne malmené par un alizé tenace. L’un d’eux, ceint de l’écharpe rouge de l’Ordre du Lion, les traits finement creusés par des décennies d’embrun, jeta plusieurs coups d’œil pétillants sur la forêt de mâts, gréements et voilures illuminés par les premières lueurs de l'aurore. La flotte impériale s’était agencée en trois lignes : les frégates, plus légères, rapides, et manœuvrables, protégeaient les flancs des lourds bâtiments de ligne à la puissance de feu dévastatrice.
Le haut-gradé, toujours saisi par la scène comme au premier jour malgré sa longue expérience, n’était autre que l’Amiral d’Amboix de Vigerie, grand navigateur et redoutable stratège envers lequel Sa Majesté avait renoué son entière confiance en lui conférant la mission, hardie il est vrai, mais non moins cardinale, de leurrer la presque totalité de la force navale turcose par une série d’excursions et d’escarmouches savamment orchestrées le long des côtes.
Il en résultait qu’une confusion durable s’était infusée dans les rangs des occupants, l’ennemi rencontrant une Marine avaroise un jour épuisée et incohérente, et le lendemain chirurgicale et éprouvante. Sans l’admettre, l’Amiral espérait bien que le combat l’amènerait à un duel de commandement avec le capitan pacha Mezoglu Hadice, rival dont la renommée dans les mers du sud n’était plus à faire.
" Ce sera donc à Ascavon qu’aura lieu le dénouement de cette guerre. " souffla le vétéran en rapportant son regard sur l’horizon.
Et justement, quelques navires plus loin, en tête de ligne, les premiers guetteurs s’agitaient sur leur hune balayée par les vents.
" Terre ! Terre ! " s’écriaient-ils.
Le haut-gradé, toujours saisi par la scène comme au premier jour malgré sa longue expérience, n’était autre que l’Amiral d’Amboix de Vigerie, grand navigateur et redoutable stratège envers lequel Sa Majesté avait renoué son entière confiance en lui conférant la mission, hardie il est vrai, mais non moins cardinale, de leurrer la presque totalité de la force navale turcose par une série d’excursions et d’escarmouches savamment orchestrées le long des côtes.
Il en résultait qu’une confusion durable s’était infusée dans les rangs des occupants, l’ennemi rencontrant une Marine avaroise un jour épuisée et incohérente, et le lendemain chirurgicale et éprouvante. Sans l’admettre, l’Amiral espérait bien que le combat l’amènerait à un duel de commandement avec le capitan pacha Mezoglu Hadice, rival dont la renommée dans les mers du sud n’était plus à faire.
" Ce sera donc à Ascavon qu’aura lieu le dénouement de cette guerre. " souffla le vétéran en rapportant son regard sur l’horizon.
Et justement, quelques navires plus loin, en tête de ligne, les premiers guetteurs s’agitaient sur leur hune balayée par les vents.
" Terre ! Terre ! " s’écriaient-ils.
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