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L’armada lève les voiles
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L’armada lève les voiles
L’abbé Solière passa lentement sa main tremblotante sur la pierre des remparts, récoltant une fine poussière ocre générée par des siècles d’agression des éléments contre la cité portuaire. Porto-Vesti, joyau du Golfe de Jade, ville marchande richissime, avait revêtu une fonction bien peu familière depuis le couronnement d’Edouard VII, fonction qui avait déjà rendu célèbre Belfort, plusieurs centaines de lieux à l’ouest : celle de grande rade militaire. Peu à peu, au fur et à mesure que les navires de l’Impériale se libéraient du front argenois et piémontois, ils venaient jeter l’ancre devant la ville aux multiples canaux. Se joignirent bientôt des vaisseaux de volontaires aldarnorins et belondaures, principalement de chapitres syistes, et même une partie de la maigre mais illustre marine gallicienne.
La raison de ce rassemblement, à savoir briser le long siège d’Yrusalem, fut d’abord bien gardée, mais elle s’ébruita – probablement avec la complicité des autorités – lorsque les premières difficultés d’approvisionnement se firent sentir. Entretenir une telle armada, où chaque navire abritait de nombreux marins, requerrait en effet une excellente coordination des magasins temporaires bâtis le long de la côte et fournis par le labeur des avarois. Cet obstacle technique, doublé d’un temps anormalement capricieux ayant par deux fois forcé des escadres à prendre le large, força Castillon-Villeroy à reconsidérer le bien-fondé d’une telle entreprise. Mais l’insistance du Grand-Pontife, soutenu par les salons de la capitale, convainquit le souverain de poursuivre dans ce qui devait être l’étape finale de la longue et sanglante Guerre de la Ligue d’Ausembourg.
Puis enfin, les écueils surmontés sans la perte d’un seul bateau, le grand jour arriva. L’abbé Solière, vieil aumônier militaire respecté, vétéran de la reconquête de Kadyngrad, avait reçu la responsabilité de conférer la bénédiction finale aux flottes assemblées. Engoncé dans une cuirasse austère d’où flottait au vent une bure de la Loge Sevaniste, l’ecclésiastique s’avançait lentement sur l’un des musoirs fortifiés du port où l’attendait un autel dressé et des membres de l’état-major en uniformes. Il se signa alors et entama la première incantation.
La raison de ce rassemblement, à savoir briser le long siège d’Yrusalem, fut d’abord bien gardée, mais elle s’ébruita – probablement avec la complicité des autorités – lorsque les premières difficultés d’approvisionnement se firent sentir. Entretenir une telle armada, où chaque navire abritait de nombreux marins, requerrait en effet une excellente coordination des magasins temporaires bâtis le long de la côte et fournis par le labeur des avarois. Cet obstacle technique, doublé d’un temps anormalement capricieux ayant par deux fois forcé des escadres à prendre le large, força Castillon-Villeroy à reconsidérer le bien-fondé d’une telle entreprise. Mais l’insistance du Grand-Pontife, soutenu par les salons de la capitale, convainquit le souverain de poursuivre dans ce qui devait être l’étape finale de la longue et sanglante Guerre de la Ligue d’Ausembourg.
Puis enfin, les écueils surmontés sans la perte d’un seul bateau, le grand jour arriva. L’abbé Solière, vieil aumônier militaire respecté, vétéran de la reconquête de Kadyngrad, avait reçu la responsabilité de conférer la bénédiction finale aux flottes assemblées. Engoncé dans une cuirasse austère d’où flottait au vent une bure de la Loge Sevaniste, l’ecclésiastique s’avançait lentement sur l’un des musoirs fortifiés du port où l’attendait un autel dressé et des membres de l’état-major en uniformes. Il se signa alors et entama la première incantation.
Grand-Pontife Turmwächter- Posts : 24
Join date : 11/07/2015
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Re: L’armada lève les voiles
Le clerc prononça les propos usuels extraits des Saintes Notes, puis il plongea sa main dans un boîtier finement recouvert de scènes sevanites forgées en bronze. Il en sortit un goupillon minutieusement ouvragé au bout duquel était attaché une sphère imbibée d’un liquide rougeâtre. Le pas lent, il s’approcha des individus se tenant autour de l’autel.
- " Des larmes fondves dans le sang s'eſcovlent vers le ciel. "
Sa voix avait comme regagnée en vigueur et, par la configuration de la rade, portait jusqu’au large. Sans hésiter un seul instant, les participants présentèrent leurs yeux grands ouverts à l’étrange ustensile. L’abbé compressa l’embout contre chacun de leurs orbites. Les visages ainsi ensanglantés se levèrent vers le ciel et, d’une seule voix, déclamèrent la sainte parole.
" Fixer le soleil, c'est fixer Diev dans tovte Sa Majeſté. Celvi qvi craint la mort, craint la vie tovt avtant & demevre fovdroyé par son incarnation ".
Ils observèrent l’astre rayonnant pendant de longues secondes. Certains larmoyèrent, d’autres furent légèrement secoués par une transe passagère, mais la plupart restèrent impassibles dans la contemplation. Puis les diacres passèrent une compresse immaculée sur le visage des fidèles avant que l’office ne se poursuive.
Au moment de la conclusion, Solière conféra la bénédiction aux vaisseaux armés en agitant le goupillon d’un coup sec sur chaque point cardinal en faisant face aux eaux du port. Il se signa une dernière fois, imité par ses ouailles. Au loin, les nuages commencèrent à se dégager, poussés par un vent soudain. L’on décida alors de hisser les premières voiles.
- " Des larmes fondves dans le sang s'eſcovlent vers le ciel. "
Sa voix avait comme regagnée en vigueur et, par la configuration de la rade, portait jusqu’au large. Sans hésiter un seul instant, les participants présentèrent leurs yeux grands ouverts à l’étrange ustensile. L’abbé compressa l’embout contre chacun de leurs orbites. Les visages ainsi ensanglantés se levèrent vers le ciel et, d’une seule voix, déclamèrent la sainte parole.
" Fixer le soleil, c'est fixer Diev dans tovte Sa Majeſté. Celvi qvi craint la mort, craint la vie tovt avtant & demevre fovdroyé par son incarnation ".
Ils observèrent l’astre rayonnant pendant de longues secondes. Certains larmoyèrent, d’autres furent légèrement secoués par une transe passagère, mais la plupart restèrent impassibles dans la contemplation. Puis les diacres passèrent une compresse immaculée sur le visage des fidèles avant que l’office ne se poursuive.
Au moment de la conclusion, Solière conféra la bénédiction aux vaisseaux armés en agitant le goupillon d’un coup sec sur chaque point cardinal en faisant face aux eaux du port. Il se signa une dernière fois, imité par ses ouailles. Au loin, les nuages commencèrent à se dégager, poussés par un vent soudain. L’on décida alors de hisser les premières voiles.
Grand-Pontife Turmwächter- Posts : 24
Join date : 11/07/2015
Location : États Pontificaux de Gallice
Re: L’armada lève les voiles
En cette matinée du doux hiver néoalexandrin, la tiède lueur de l’aube se refléta sur les grandes voiles déployées sur une mer peu agitée. Après des mois de préparation, l’armada syiste levait enfin l’ancre dans le Golfe de Jade. Les éléments semblaient se concorder pour assurer un départ sans embûche tandis que les prêtres de Sevan annonçaient de bons présages militaires. L’heure était venue d’enfin apporter le combat sur les terres turcoses après presque trois ans de féroces combats dans les contrées avaroises puis piémontaises. La cité croisée d’Yrusalem assiégée, à bout de souffle, ne parvenait plus à se ravitailler par l'océan, conséquence d’un blocus du redouté pacha d’Alharkoum. Les agents avarois avaient tiré la sonnette d’alarme en découvrant le rassemblement d’une gigantesque flotte halawite dans quelques baies orionaise difficiles d’accès, une force aux visées de soi-disant " reconquête " mais également d’invasion envers le Mézénas, le Véran, la Nouvelle-Caucasie et certainement plus encore.
Aldarnorins, galliciens, et avarois constituaient la majeure partie des escadres alliées en présence, mais l’on décelait également les pavillons de flottilles à l’origine plus lointaine, participant à titre privé. La contribution d’états supplémentaires n’était du reste pas à exclure.
Lorsque le littoral ne représenta plus qu’une fine bande continentale que longeait vers l’Est l’armada, le marquis de Soubise, vice-amiral d’Avaricum, convoqua dans la cabine de son vaisseau de 118 canons l’état-major et quelques individus de marque tel que Lorenz de Klausbourg afin de décider de la suite des opérations.
Aldarnorins, galliciens, et avarois constituaient la majeure partie des escadres alliées en présence, mais l’on décelait également les pavillons de flottilles à l’origine plus lointaine, participant à titre privé. La contribution d’états supplémentaires n’était du reste pas à exclure.
La Très Sainte Armada
Vaisseaux de ligne :
6 navires de premier rang (100 à 120 canons)
11 navires de deuxième rang (90 à 98 canons)
15 navires de troisième rang (64 à 80 canons)
13 navires de quatrième rang (50 à 60 canons)
Autres vaisseaux :
9 galéasses
Troupes embarquées :
21 600 hommes
Un nombre indéterminé de chevaux et de pièces d’artillerie
Lorsque le littoral ne représenta plus qu’une fine bande continentale que longeait vers l’Est l’armada, le marquis de Soubise, vice-amiral d’Avaricum, convoqua dans la cabine de son vaisseau de 118 canons l’état-major et quelques individus de marque tel que Lorenz de Klausbourg afin de décider de la suite des opérations.
Duc d'Épinac- Posts : 62
Join date : 24/07/2016
Location : Castillon-Villeroy
Re: L’armada lève les voiles
Lorenz, armé chevalier-chapelain la veille commandait à une petite compagnie d'hommes, frères-sergents, entièrement dévoués à la cause de la Très Sainte Foy. Son rang, plus que son expertise militaire - il avait été dans une prime jeunesse capitaine d'artillerie des armées grand-ducales - lui avait donné ses entrées à l'état-major du marquis de Soubise. Il y était présent lorsque l'on décida de la suite à donner aux opérations.
Baron de Tabernanthe- Posts : 10
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