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Brusque rémission
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Brusque rémission
Le Saint-Empire d'Avaricum avait traversé une vallée de larmes. A force de remèdes, d'antiennes, de célébration religieuses, de jeûne, de rogations et de processions, le mal qui avait foudroyé le pays se dissipait. Il laissait derrière lui son cortège de morts et de cérémonies funèbres. De la plus haute noblesse à la plus basse valetaille, pas une famille n'était endeuillée de la perte d'un proche parent, père, mère, enfant, frère ou soeur. Les cérémonies funéraires avaient suivies les extrêmes onctions. Aux orbes mortuaires et aux prières des mourant succédaient les cantiques d'action de grâce et les prières de remerciements.
Le Saint-Empire revenait au monde des vivants. Les places de marché et les carrefours retrouvaient l'agitation et l'animation des jours heureux. Dans les hauts quartiers de la capitale, on tenait de nouveau salon. La Cour avait abandonné le crêpe du deuil, et redécouvrait l’insouciance et la joie de vivre de la Cour d'Edouard VI aux belles heures du Grand Siècle. Pied de nez à la mort, la vanité devenait exutoire ; on soupait, on badinait, on exultait dans des fêtes merveilleuses, gaspillant, jouissant des plaisirs terrestres en réponse à la funeste destinée qui avait frappé le pays.
Dans le secret des salons, la Cour s'enthousiasmait pour ce tout nouveau sport de balle au pied. On ne le disait pas. Le football était au sport ce que le roman est à la littérature. Une distraction appréciable mais trop facile. De plus, ce jeu de ballon trop proche de la sioule pratiquée dans les campagnes, avait un caractère trop populaire pour être digne d'un gentilhomme. En parler lors d'un dîner, en public, ou y montrer une quelconque passion aurait sans nul doute été un affront au bon goût avarois. Seuls les fumoirs, les billards, ou les clubs de gentilshommes en vogue à la capitale et à la présence exclusivement masculine, autorisaient ce genre de conversation. La gazette sportive se lisait sous le manteau comme on lit un écrit licencieux. On se défendait d'en avoir connaissance mais le nombre de tirage et sa popularité clandestine démentaient les lois de l'apparence en vigueur à la Cour.
Le gentilhomme avarois dans le secret, jusqu'à l'Empereur lui même disait-on, s'enthousiasmait pour le championnat micromondial. Signe du vent de zollernophilie qui soufflait sur la Cour, il soutenait le Zollernois, sujet de la seule monarchie assez ancienne pour trouver crédit à ses yeux. Héritage des querelles passées, il haïssait le Skotinec perfide et renégat, qui avait apostasié la foi syiste et renié ses serments à l'Empereur en affirmant son indépendance souveraine. A la Cour de Castillon on voyait le jeu de balle aux pieds comme naguère les tournois : une propédeutique à la guerre.
Le Saint-Empire revenait au monde des vivants. Les places de marché et les carrefours retrouvaient l'agitation et l'animation des jours heureux. Dans les hauts quartiers de la capitale, on tenait de nouveau salon. La Cour avait abandonné le crêpe du deuil, et redécouvrait l’insouciance et la joie de vivre de la Cour d'Edouard VI aux belles heures du Grand Siècle. Pied de nez à la mort, la vanité devenait exutoire ; on soupait, on badinait, on exultait dans des fêtes merveilleuses, gaspillant, jouissant des plaisirs terrestres en réponse à la funeste destinée qui avait frappé le pays.
Dans le secret des salons, la Cour s'enthousiasmait pour ce tout nouveau sport de balle au pied. On ne le disait pas. Le football était au sport ce que le roman est à la littérature. Une distraction appréciable mais trop facile. De plus, ce jeu de ballon trop proche de la sioule pratiquée dans les campagnes, avait un caractère trop populaire pour être digne d'un gentilhomme. En parler lors d'un dîner, en public, ou y montrer une quelconque passion aurait sans nul doute été un affront au bon goût avarois. Seuls les fumoirs, les billards, ou les clubs de gentilshommes en vogue à la capitale et à la présence exclusivement masculine, autorisaient ce genre de conversation. La gazette sportive se lisait sous le manteau comme on lit un écrit licencieux. On se défendait d'en avoir connaissance mais le nombre de tirage et sa popularité clandestine démentaient les lois de l'apparence en vigueur à la Cour.
Le gentilhomme avarois dans le secret, jusqu'à l'Empereur lui même disait-on, s'enthousiasmait pour le championnat micromondial. Signe du vent de zollernophilie qui soufflait sur la Cour, il soutenait le Zollernois, sujet de la seule monarchie assez ancienne pour trouver crédit à ses yeux. Héritage des querelles passées, il haïssait le Skotinec perfide et renégat, qui avait apostasié la foi syiste et renié ses serments à l'Empereur en affirmant son indépendance souveraine. A la Cour de Castillon on voyait le jeu de balle aux pieds comme naguère les tournois : une propédeutique à la guerre.
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